Sebastien N- 16/08/2024

Ivresse olympique

Donc c'est simple, on ferme bien sa gueule devant la beauté du sport. C'est l'universalisme, l'apolitique, l'amateurisme. Depuis que ce cher De Coubertin a réhabilité la compétition, il ne faudrait surtout pas trop s'élever contre. Alors c'est vrai, c'est beau : la ferveur, les foules asphyxiées par l'attente, le dépassement de soi… Un stade rempli qui hurle n'aura jamais autant d'égaux dans le plaisir d'être solitaire dedans, et d'apprécier de s'y laisser porter. Ce que nous rappelle *Un monde de jeux*, ce n'est surtout pas qu'il faut rejeter tout cela. Il détaille les différentes éditions de cette grande foire internationale. Sans a priori. Sans renier. Sans oublier l'effort, les sacrifices et la beauté des gestes. Il rappelle aussi les renoncements, car ils sont incessants. Des prémices à Munich en 36, de Melbourne en 56 à Mexico en 68, tout n'est qu'un gros jeu de pions, où la géopolitique et la soif capitaliste sont les premiers concurrents. Les sportifs sont mis de côté, sanctionnés à chaque fois qu'ils prennent position, comme en 68 avec le poing levé contre la ségrégation aux États-Unis, ou lors du bras d’honneur polonais en 80 à Moscou. Car si les gens apprécient cette compétition talentueuse, c'est malheureusement bien celle de l'affrontement entre les pays qui prévaut. Boycott, exclusions, non-invitations. Le CIO a distribué autant de cartons rouges que de mallettes dorées aux sponsors. N'en déplaise à LVMH et ses malles porteuses de cette année. P. Boniface et Tommy dressent les JO sous le regard de l'affrontement politique, et c'est suffisamment bien documenté et objectif pour nous accabler de fatigue. Alors oui, ce n'est rarement un mauvais moment que "le pain et les jeux". Oui, il faut se réjouir de voir tant de pays venus se combattre autrement que par les armes. Il y a tant de vertus à trouver à ces JO qu'elles pourraient largement nous laisser béats, mais le concours malsain qui y règne depuis toujours doit continuer de nous alerter : le nationalisme, quel qu'il soit, n'est jamais signe de bonne santé.