Ben Ledauphin- 12/05/2019

Un livre Nietzschéen

On vous vendra souvent Nietzsche pour ce qu’il n’est pas : un classique. Il est justement tout l’inverse d’un classique, il est un auteur qui dérange, dont la pensée démange l’esprit. Pour être honnête et juste, il doit bien y avoir une centaine de pages dans cette œuvre qui soit à ne pas vraiment retenir. Si ce n’est pour voir la manière dont quelqu’un exprime son avis avec son style et son caractère, aussi mauvais puisse être son avis. Ce livre renferme bien des choses en lui, une prise de position sur la morale, sur le noble, quelques pages anti-positivistes, quelques stupidités sur les peuples, les patries, le progrès les femmes et l’art. Ce qui est remarquable dans ce livre c’est le non-dit, la subtilité, ce mystère que l’auteur crée de toute pièce autour de lui et de sa pensée comme s’il avait peur que, sans elle, son livre soit trop fade. Et en effet, il le serait. C’est un livre que je conseille, non pas qu’il brille d’intelligence, encore moins de vérité, ou qu’il soit merveilleusement bien écrit, mais parce que sa lecture nous imprègne lentement et inconsciemment de ce qu’est « l’esprit nietzschéen ». Cet esprit est très appréciable, notamment parce qu’il est très critiquable, mais il est clair que ce Nietzsche n’a pas réellement grand chose à nous apprendre de particulier en soi. Les frissons que l’on ressent en lisant Nietzsche ne sont pas dûs à une « prise de conscience », du moins j’espère pour vous.