Un ballade de bascule

Il y a bien un moment où il y a une bascule vers l'âge "adulte", où l'on s'affirme sans tenir forcément compte des attentes des autres. Il n'y a pas vraiment d'âge précis d'ailleurs, et certains même donnent l'impression de ne jamais passer le cap. C'est un temps où l'on est confronté aux déceptions, où l'on arrange nos rêves d'une soudaine réalité. Olivia l'a décidé. Elle ne veut pas entrer dans le moule. Faire un boulot pour tenter de se payer des vacances, utiliser son temps pour entrer dans le cycle monotone. La fin de son lycée doit lui permettre de passer à autre chose. Quand ses amis se dirigent vers les études et le parcours commun, elle choisit de partir. Ailleurs. Rejoindre une communauté autonome. Elle brule ce qui lui reste de lien et déniche deux soutiens pour l'accompagner. Dans "Les herbes sauvages", Adam de Souza nous ballote entre l'émerveillement de la prise d'indépendance, la crainte des mauvais choix et la capacité à s'adapter pour ne pas lacher trop vite les rêves que la réalité déforme. Lu de nos yeux d'adultes on se plait a encourager le départ, s'inquiéter de la communauté ( elle va dans une secte ou quoi ? ), comprendre la déception lorsque le concret impose de redescendre. C'est parfois un peu trop bienveillant voir un peu naïf, mais les traits fins et les personnages sont attachants, ancrés dans une jeunesse actuelle qui est particulièrement confrontée aux transformations écologiques et sociales. Et si il n'y avait pas qu'une seule bascule dans l'âge "adulte". Si ce qu'on appelle la crise de la quarantaine n'était pas également un autre passage dans l'affirmation de soi. Décider, c'est avant tout se reconnaitre, entendre ses besoins et accepter qu'ils ne peuvent contenter tout le monde. A lire en se laissant rêver aux champs des possibles,