MimiBu- 12/11/2024

Mitigee

Après ma lecture de l’Etranger, il m’a été conseillé ce livre de Kamel Daoud ; j’en ressors assez mitigée. L’Arabe, cet homme abattu sur une plage d’Alger sous un soleil de plomb par un roumi, un colon, un français du nom de Meursault. L’Arabe c’est tout ce que nous connaissons de lui, pas de nom, pas de famille, pas même de corps. La douleur d’une famille passée sous silence, un deuil impossible à faire. Bien des années plus tard, on rencontre dans un bar, le frère de l’Arabe, Haroun, il nous raconte son histoire et celle de cette famille endeuillée. J’ai trouvé l’idée de faire parler le frère de l’Arabe absolument super, lui donner un droit de réponse, le droit de témoigner sur le drame qu’ils ont vécu, lui Haroun et sa famille dans la perte de Moussa « l’Arabe ». Lui qui a tant souffert de l’anonymat de son frère, de la douleur de sa famille. Lui qui a le sentiment qu’on lui a volé sa vie, son enfance et l’amour de sa mère. Cette mère qui ne lui a plus accordé d’amour, de tendresse ni d’attention à la mort de son frère. Haroun nous fait part de ses hypothèses, de son ressentiment envers les roumis, de son deuil et de sa solitude et sa vengeance. Ce droit de réponse c’est aussi l’occasion pour l’auteur de traiter des sujets lourds qui lui tiennent à cœur, à travers son personnage d’Haroun c’est un cri du cœur d’un Algérien sur l’histoire de son pays : la colonisation puis l’indépendance, le poids de la religion, les injustices, l’omniprésence de la culture française, etc Malheureusement, je n’ai pas réussi à accrocher au style d’écriture. L’auteur va de digressions en digressions, fait des allers-retours temporels incessants, il m’a perdu bien des fois. Tout cela m’a semblé très décousu, fouilli - ce qui était possiblement l’intention puisque Haroun fait appel à ses souvenirs lors d’un échange oral - et par conséquent compliqué à suivre. Bref une lecture laborieuse sur la forme, alors que le fonds m’a paru très intéressant.