Minette.Morvan- 06/09/2022

Un petit bonbon …

J’ai attendu Pierre à la gare. Sortis des encombrements, nous avons pris la route vers le large. Je la connais cette route pour l’avoir maintes fois suivie, été comme hiver, printemps comme automne. Des champs encore séparés par des talus, des vaches bretonnes aux couleurs du drapeau. Le regard fixé vers l’horizon, jusqu’à ce que cette ligne irréelle plonge dans la mer. Nous avons poussé la porte de la maison et une marée de souvenirs m’a assaillie. L’odeur de cire mélangée à celle de la soupe qui mijotait, les cris des enfants, les bousculades dans le grand escalier … Pierre Adrian m’a ramenée des années en arrière, "Et je songeais qu’il n’y a qu’au mois d’août qu’on est vraiment un enfant." Les jours s’égrainaient dans la tiédeur alanguie des siestes, des parties de plage où se mêlent jeux de sable, baignades, et les discussions murmurées des adultes. Les souvenirs de l’enfance se distillent avec suavité, tandis que les anciens prennent le chemin du non-retour. Dans ce roman d’une grande délicatesse, Pierre Adrian à travers les souvenirs fait se côtoyer le monde d’avant et celui de maintenant. L’appartenance à une terre ne se pose pas. Les racines sont là profondément ancrées. La nostalgie des traditions se faufile par-ci par-là. On aimerait que le temps reste suspendu, continuer à arpenter les dunes battues par les vents, s’arrêter au bar du petit port. Respirer une dernière bouffée de l’air marin. Voilà un très joli roman qui sent les confitures de mûres, les embruns salés des tempêtes et les choses de la vie. La fuite du temps. Enfilez vos cirés et vos bottes et partez à la découverte de ce petit bonbon qui vous fera du bien.