Kepa- 09/08/2023

Mauvais - Le livre n'est pas à la hauteur des éditions Gallimard

Tout d'abord, je tiens à remercier la plateforme Gleeph.net de m'avoir donné la chance de faire partie des lecteurs sélectionnés pour lire la "Fugue Américaine" de Bruno LeMaire (édition Gallimard). Il m'a fallu beaucoup de temps pour terminer ce petit pavé de presque ~500 pages. A aucun moment je ne me suis sentie absorbée du fait de sa lourdeur dans de nombreux domaines. Malgré tout, après avoir beaucoup persévéré, j'ai pu endurer jusqu'au bout; premièrement parce que je n'aime pas abandonner ma lecture et deuxièmement parce que j'espérais qu'il y aurait une surprise à la fin de l'histoire qui me laisserait un meilleur goût dans la bouche. (j'omets le résumé du livre pour éviter d'éventuels spoilers) Les points positifs ou caractéristiques sont peu nombreux : - J'ai trouvé la description d'événements historiques tels que la guerre froide ou l'assassinat de JF Kennedy intéressante/éducative. - Il faut dire que comme possible morale finale du livre (2 dernières pages..), lié au dualisme qui oppose aux 2 protagonistes, j'interprète le fait que parfois les personnes les plus résilientes face aux adversités de la vie réelle ne sont pas loin de celles qui ne peuvent pas surmonter les obstacles et qu'en réalité l'écart qui les sépare est très faible. Les points ou caractéristiques négatives sont multiples : - Une des choses qui m'a le plus ennuyé/fatigué est le nombre de fois que l'auteur utilise à plusieurs reprises le nom+prénom (Vladimir Horowitz) d'un des protagonistes. Parfois, sur une même page, le nombre de mentions pouvait atteindre 5-6, rendant la lecture très lourde/monotone. En fait, si nous prenons le nombre total de mentions de "Vladimir Horowitz" dans tout le livre, nous pourrions remplir plusieurs pages. - L'utilisation totalement volontaire par l'auteur de l'utilisation de 4 langues (français, allemand, espagnol, anglais) me semble un grand manque de délicatesse et de subtilité. Peut-être l'auteur a-t-il voulu donner une touche d'exotisme, mais en réalité une toute petite partie des lecteurs francophones se reconnaîtra capable de comprendre parfaitement les 4 langues et devra donc faire appel à un traducteur (Google ou autre). - Tout au long de l'ouvrage, parfois la chronologie des événements de la trame narrative n'est pas très bien définie. Même si certains va-et-vient temporaires (flashback) peuvent être volontaires, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de fil conducteur et ajoute de la confusion à l'histoire. L'histoire de la dépression de Vladimir Horowitz et Franz Wertheimer est le peu auquel on peut attribuer un peu de solidité et de sens. Cependant, et en général, le rythme est très lent et lourd (ce qui aurait pu économiser de l'encre et de la sueur et la concentrer dans un nombre de pages plus limité). La répétition incessante du caractère excentrique et fragile de Vladimir Horowitz et de la personnalité dépressive de Franz peut être épuisante. - De plus, il y a un grand nombre de chapitres dédiés à la description d'événements et/ou une grande variété ou palette de personnages secondaires superflus (Sviatoslav Richter, garçon blond du van sur la plage à Cuba, etc.) qui n'apportent rien ou avoir une contribution quasi nulle à la trame principale. L'apparition de ces personnages semble être structurée de manière aléatoire sans aucun raisonnement. La variation dans la qualité des chapitres et la digression entre eux est également un détail flagrant qui a beaucoup retenu mon attention. - Les métaphores pour décrire des personnages et/ou des paysages/lieux m'ont semblé très écœurantes. - Sachant que le narrateur principal est Oskar Wertheimer, par moments cela donne l'impression que le narrateur est un personnage omniscient qui est capable de ressentir exactement et de se situer dans l'espace avec la même précision que s'il vivait la même expérience que son frère Franz ou Vladimir Horowitz (idéalisme/irrealisme recherché ?). Une autre erreur qui mérite d'être soulignée est l'absence totale d'intervention/manifestation du narrateur dans l'introduction « Thème », Maxime (Wertheimer) pendant (de manière très confuse les moments/passages où il modifie l'œuvre de son oncle Oskar) et , comme on pouvait logiquement s'y attendre (afin de bien conclure l'histoire), à la fin du livre. Aussi sa mention fallacieuse (quoique fictive ou audacieuse/ironique ?) que « la décadence de l'Occident est présente à chaque page de l'ouvrage ». En conclusion et objectivement parlant, pour les raisons évoquées précédemment, je ne considère pas "Fugue Américaine" comme une bonne œuvre littéraire (à la hauteur) avec une belle écriture. Je suis totalement en désaccord avec les résumés qui prétendent que ce travail invite à une réflexion bouleversante sur la fragilité des êtres. Il ne me semble pas un ouvrage digne d'être à côté de mes autres ouvrages Gallimard dans mon humble bibliothèque et à aucun moment je ne pourrais le recommander volontiers à mon cercle d'amis/famille.

Fox

Kepa, je fais également partie des heureux élus qui ont reçu et eu l’opportunité de découvrir ce roman de notre ministre B.LEMAIRE. J’ai, à quelques rares exceptions, le même avis que toi sur plusieurs points du livre. Le rythme particulièrement lourd m’a demandé des efforts pour arriver au bout… et il m’a fallu redoubler de volonté et d’espoir pour obtenir une issue du livre plus enivrante que les 3/4 porté essentiellement sur les maux de ce très cher Vladimir tant physiques que psychologiques et illusoires…. Et j’en ressort finalement partagé. Autant là psychologique du personnage de Franz m’a un peu intrigué et maintenu en haleine, autant les anaphores de Vladimir (comme tu le rappelles, son nom est bien trop souvent cité quand ce n’est pas Wanda et ses tenues vestimentaires..) a fini d’épuiser ma patience sur la fin de vie du virtuose. Sans doutes que lire le Goncourt et des nouvelles de Jim Harrisson juste avant ce pavé ne m’a pas facilité l’entreprise mais je ne suis sûr de lire dans l’immédiat le prochain roman d’un membre du gouvernement en exercice… à moins qu’il détienne une vérité sur la dépression ou sur les circonstances exactes de la mort de JFK (!)

456 jours