Alexandre.Gallou- 16/07/2023

Une fresque intéressante mais quelques réserves

"Fugue Américaine" explore les vies entremêlées des frères Wertheimer, évoquant leur famille d'origine juive allemande sauvée par l'intuition paternelle. BLM réussit à attirer l'attention en plaçant Horowitz, virtuose célèbre aussi capricieux qu’égocentrique, au cœur du récit, tout en tissant habilement les destins de deux frères imaginaires. La virtuosité du texte et l'imagination de l'auteur, qui alterne entre douceur et fracas, concerto et symphonie, sont franchement intéressantes. On ne peut que saluer la palette variée des personnages et l'étude profonde des caractères, notamment des femmes fortes et complexes qui gravitent autour d’hommes fragiles. Quelques réserves néanmoins sur la forme. L'usage fréquent d'autres langues que le français, bien que visant à renforcer le réalisme, est par moment excessif. Si la critique s’est bizarrement concentrée sur une scène un peu « chaude », on peut se demander si ladite scène a un quelconque intérêt pour l’intrigue. Malgré ces points de désaccord, il est essentiel de se focaliser sur la qualité littéraire de l'œuvre. La réception du livre par certains critiques, qui se sont attardés sur les détails cités précédemment plutôt que de célébrer le talent manifeste du ministre, apparaît dérisoire. "Fugue Américaine" offre une belle facture, dense et imaginative, empreinte d'humanité et de musique, dans une gamme polyphonique enrichissante. Le roman aborde des réflexions pertinentes sur la vieillesse, la vanité des hommes, la paix et la récurrence de la guerre, le féminisme et ses excès. Avec une écriture travaillée, Bruno Le Maire se fraye un chemin vers la reconnaissance littéraire.