Un titre magnifique (et aux résonances tragiques quand on connaît la biographie de Forest) pour un livre au premier abord étrange. Précédé par un poème biblique et un prologue descriptif, le texte se présente comme le commentaire romanesque d'une pièce de théâtre entrecoupé d'intermèdes de réflexions, un pas de côté qui permet de nombreuses pensées sur le récit, le temps, l'histoire et les histoires individuelles, les liens entre littérature et mémoire.
Le personnage principal n'est pas nommé avant la page 90 après, justement, une réflexion sur les noms, mais on l'a bien vite reconnu dès les premières pages du livre, qui raconte un épisode historique ayant eu lieu en 1954.
Et quand la fiction rejoint la réalité (p. 170), on comprend l'essence mélancolique de ce livre et de son titre, et l'émotion nous submergerait si on ne l'avait pressentie dès le départ. Ce texte, dont Forest explique qu'il en a eu l'idée après avoir vu un épisode de la série télévisée "The Crown", continue de creuser par la littérature le sillon déjà tracé dans d'autres livres de l'auteur : L'Enfant Eternel 1997, Toute la nuit 1999, Tous les enfants sauf un 2007, etc. Il construit ainsi une oeuvre contemporaine majeure, intelligente et subtile, triste et bienveillante pour ses lecteurs.
Une citation du livre, qui fait discrètement référence à Shakespeare (très présent dans ce livre, jusque dans le titre) :
"Car l'étoffe dont nous sommes faits, ainsi que l'enseigne depuis toujours le théâtre, est celle des songes : une grande toile tendue dans l'obscurité sur laquelle vient se poser et puis passer le reflet fugitif de ce que nous prenons pour notre existence." p. 167
Melancholia
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