Tout premier roman d’Alexandre Dumas, paru en 1838, l’auteur, qui était jusque-là connu pour ses pièces de théâtre, s’essaie au genre romanesque d’une manière assez convaincante. Dans Pauline, il propose plusieurs récits enchâssés avec trois narrateurs différents. Dumas narrant sa rencontre avec son ami Alfred de Nerval (hommage à son ami écrivain Gérard de Nerval) et d’une jeune femme qu’il reconnaît comme étant Pauline de Meulien. Nerval, à son tour, nous emporte dans le récit d’une nuit d’orage en Normandie, où, à la recherche d’un abri, il se retrouve dans les ruines d’une abbaye et surprend un homme errant autour d’une tombe. Il finit par découvrir Pauline séquestrée dans une crypte, promise à une mort certaine. Il l’a délivre et fuit avec elle en Angleterre. C’est là que cette dernière raconte l’histoire de sa lente agonie dans la crypte, et du mariage qu’elle a contracté avec le comte Horace de Beuzeval, quelques mois plus tôt. Un personnage aussi fascinant qu’énigmatique et qui cache un terrible secret.
Loin des pavés et romans feuilletons dont il nous habituera par la suite, Pauline surprend par son aspect condensé et synthétique. L’auteur arrive en moins de 200 pages à nous offrir une histoire d’une grande densité. Entre récit gothique et romantique, de voyage et d’aventure (avec un épisode de chasse au tigre du Bengale), récit de vengeance aussi, qui annonce « Le comte de Monte Cristo ». Tout Dumas est en germe dans ce premier roman qu’il a écrit seul. Et il faut insister sur ce point. Les mauvaises langues, qui généralement disent que Dumas n’écrivait pas ses livres, laissant le gros du travail à Auguste Maquet. Ce livre est une preuve cinglante que non seulement il écrivait ses livres. Mais qu’il était bien le moteur du duo qu’il formera plus tard avec l’écrivain. Si le cas avait été inverse, le succès de Maquet se serait vérifié a posteriori.
Autre grief qui est souvent reproché à l’écrivain. La soi-disant absence de psychologie chez ses personnages. Comme si le fait de ne pas sonder leurs moindres pensées était une faute grave, reléguant de fait sa production littéraire à de l’anecdotique. Je pense qu’au contraire, l’un des aspects les plus intéressants de son œuvre, c’est que la personnalité de ses personnages se révèle dans l’action. Il est pour moi un des rares écrivains à avoir cette capacité d’émouvoir dans des scènes où la tension est habilement amenée. Et pour cela, il faut au préalable avoir su créer un lien entre le lecteur et les personnages.
Alexandre Dumas se spécialisera, plus tard, dans le roman historique. Pauline fait figure d’exception, puisqu’il se déroule à une époque contemporaine de celle où il a été écrit. Il est intéressant de voir les rapports que l’écrivain entretenait avec les hommes de son temps. Sans être une charge contre eux, il laisse par moment entrevoir le peu d’intérêt qu’il leur porte. Dumas est un être épris d’aventure et s’ennuyant dans son siècle. Je laisse en guise de conclusion ce passage de son premier roman où il semble annoncer la direction que va prendre sa production littéraire : « Le grand malheur de notre époque est la recherche du romanesque et le mépris du simple. Plus la société se dépoétise, plus les imaginations actives demandent cet extraordinaire, qui tous les jours disparaît du monde pour se réfugier au théâtre ou dans les romans ; de là, cet intérêt fascinateur qu'exercent sur tout ce qui les entoure les caractères exceptionnels. »
Premier roman d’Alexandre Dumas
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