Woozz- 31/12/2019

Entretiens avec le professeur Y

Céline râle, tacle, renacle, peste, mais jamais ne philosophe. La dialectique c'est pour les nazes, les idées pour les petits cons d'étudiants ; l'écriture émotive et c'est marre qu'on vous dit. Cette "interviouve" avec le Professeur Y, prostatique vieux shnock mentalement troublé, est un double prétexte pour Céline, qui lui permet de faire parler de lui (parce que Gaston lui demande), mais surtout de parler de lui. Il se plaint de ce qu'on lui fait subir, se targue d'être le plus grand écrivain du XXeme même si c'est pas grand-chose, d'avoir ramené l'émotion du parlé dans l'écrit, évoque les secrets de son style... Bref, on découvre bien des choses sur notre brave Ferdinand et ses obsessions maladives. Le style plus bondissant que jamais, les suspensions jaillissent tous les 3 mots, le débit prend une cadence inarrêtable, comme un métro qui ne s'arrête pas en station et qui trace, cherchant l'émotion de surface car c'est de toute façon la seule qui vaille, la seule qui touche son but. Quelle allure, quelle conduite monsieur Destouches, vous nous la coupez.

Attmfk

pour completer ce portrait, il faut lire la préface (qui a l’origine était une postface - pour bien s’assurer de trier ses lecteurs :) ) de Guignol’s Band... et en profiter pour lire ce roman, qui a mon sens est le plus abouti... le summum des explorations tant linguistiques que fantasmatiques de Celine. Ses ouvrages suivants, tous géniaux qu’ils puissent être ne font que ‘reprendre’ les trouvailles finalisées dans ce dernier...

1767 jours