Woozz- 28/02/2019

Les sonnets

Amour et temps. --- SONNET 59 Est-il vrai qu’il n’existe rien de neuf? Que tout A déjà existé? Bien naïf notre esprit Qui s’échine à créer mais pour ne mettre au monde Qu’une seconde fois l’enfant d’autres époques! Ah, si le souvenir, retraversant cinq cents Soleils antérieurs, me montrait ton image Dans quelqu’un des vieux livres où la pensée Commença d’être dite avec des lettres! Je découvrirais là ce qu’a pu dire De l’harmonie miraculeuse de ton corps Le monde ancien. Valait-il plus, ou moins? Ou les âges s’engainent-ils sans que rien change? Ah, heureux esprits de ces temps révolus, Vous admiriez des êtres de moindre lustre! --- SONNET 99 La précoce violette, je l’ai grondée : « Dis-moi, tendre voleuse, ton doux parfum Ne vient-il pas des lèvres de mon amour? Et la couleur de tes joues, ton orgueil, Du sang de ses artères? » J’ai condamné le lys Qui te vole une main, et de la marjolaine Les touffes, tes cheveux. Apeurées, les roses Se cuirassaient de leurs épines : l’une Rougissant de honte, une autre blanche De désespoir. Et ni rouge, ni blanche, une troisième Avait volé ces deux voleuses, et au larcin Ajoutait celui de ton souffle ; mais te vengerait Un ver qui en rongeait l’orgueil, à en mourir. J’ai remarqué d’autres fleurs. Mais aucune Qui ne t’eût pris son parfum, sa couleur.