Clem_45- 29/08/2024

Une réflexion sur la littérature et la photographie

Durant un an, Annie Ernaux et son amant de l’époque prennent des photographies de leurs vêtements étalés sur le sol après un moment d’amour. Cela permet alors de figer à jamais ce moment éphémère et beau. Mais pour Annie Ernaux, cette photographie n’est pas assez comme pour chaque moment de sa vie => elle ressent le besoin de commenter, d’écrire sur ces photos. Ces commentaires qu’ils font tous les deux donnent vie aux photographies qui sont fixés. La littérature semble avoir déjà à travers ce roman une force : elle donne vie aux moments photographiés. Mais pour Annie Ernaux, ce roman lui permet également de s’exprimer par rapport au cancer qu’elle vit en même temps que son histoire d’amour avec Marc Marie. L’usage de la photo permet de déplacer le point focal de l’érotisme depuis le corps vers l’absence du corps. Ce projet est motivé par de plus grandes ambitions que la simple représentation de soi : « il s’est agi de conférer davantage de réalité à des moments de jouissance irreprésentables et fugitifs ». La photographie n’est pas suffisante, il faut nécessaire ajouter des mots à ces photographies. La littérature permet donc de fixer ce moment intime et de le rendre plus tangible, de le rendre « réel ». L’objectif de cette entreprise est de garder des traces. Conserver, archiver, témoigner, collectionner : ce ne sont que quelques caractéristiques qui façonnent une grande partie de la littérature moderne. Cette volonté de témoigner n’est pas propre à Ernaux et à Marie : elle inscrit leur projet dans un ensemble d’œuvres modernes qui utilisent l’archivage jusqu’à l’épuisement. Pour en lire plus à propos de ce livre : https://mesexperiencesautourdeslivres.wordpress.com/2024/08/27/usage-de-la-photo-annie-ernaux-et-marc-marie/#more-3384