"C'est au fond de moi que j'ai froid (...) c'est intérieurement qu'on gèle."
Le rapport de l'étudiant en médecine qui enquête sur le peintre Strauch pour le compte de son frère est constitué des pages de son journal ; pendant vingt-sept jours il retranscrit ses propos, il raconte leurs promenades dans les combes enneigées. Le peintre passe pour un fou, il est installé dans un village en montagne en Autriche.
A l'étonnement succède la fascination, l'étudiant découvre un homme triste et seul, fragile, ses idées sont en désordre mais elles constituent une vision lapidaire et noire de l'humanité, cohérente. Strauch se sent traqué, il se considère comme un bon à rien, il attend la fin. La révolte de sa jeunesse a débouché sur le désespoir, il a brûlé toute sa production afin de se libérer de toute illusion, il reproche aux critiques leur manque de sens critique. Au sein de la communauté villageoise, l'ordre de la médiocrité règne, l'homme sans cervelle a l'esprit occupé de ses instincts les plus bas
L'étudiant se rapproche peu à peu du peintre, il se sent atteint du même mal.
Avec cet ouvrage de 1962, Thomas Bernhard débutait une oeuvre romanesque hors norme, il interrogeait la place de l'artiste révolté au cœur d'un monde immoral et petit bourgeois, superficiel, où l'intelligentsia est moralement indigente. La violence et la provocation devenaient des armes comme les autres.
Interroger l'ordre de la médiocrité
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