La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
À écouter des lectrices et des lecteurs faire le récit de leur expérience de la lecture, c'est souvent le même canevas narratif qui se dessine : celui de la libération de soi. La lecture permettrait d'« accomplir » une trajectoire de vie fictive quand la trajectoire réelle ne remplit pas toutes les promesses escomptées, en raison de la force des injonctions sociales. S'émancipe-t-on par la lecture des limitations imposées par son appartenance sociale et sexuée ? Ce livre explore les possibilités et les limites de l'émancipation par la lecture à partir d'observations et d'entretiens biographiques recueillis pendant trois ans auprès de grands lecteurs et lectrices participant à des cercles de lecture. Ces derniers développent un souci de soi dans leurs pratiques de lecture, qui ouvre des possibilités de transgression à l'égard des normes de genre, tout en servant d'appui à la recherche d'une légitimité littéraire. Les clivages entre lecteurs et lectrices, entre masculinités et féminités, vont jouer un rôle essentiel dans la détermination de ce qu'il est légitime de lire ou non. On constate également que les identifications repérables dans les lectures sont profondément sexuées mais permettent d'élargir l'espace des possibles grâce aux personnages et auteures femmes, homosexuelles et féministes. Les lectrices recourent davantage à la lecture pour résister aux injonctions sociales, en franchissant des seuils d'émancipation relatifs, ainsi que pour renforcer leur position dans les classes moyennes cultivées. Derrière les discours sur l'émancipation se profilent alors un renforcement des positions de classe, en même temps qu'un desserrement de la domination masculine. En analysant finement les effets du genre, de la classe sociale et de la lecture sur les parcours de vie, cet ouvrage intéresse tous ceux et celles qui ont le goût de la lecture, les professionnels des métiers du livre et les chercheurs aux prises avec l'analyse des rapports de domination et de résistance à la domination dans les pratiques culturelles.