Gavrinis, vaisseau engravé
Serge Cassen
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Résumé
Comment qualifier en un mot Gavrinis ? Est-ce un temple, un sanctuaire, une tombe ?... Ces trois qualificatifs sont un abrégé des interprétations passées et actuelles, et ce depuis la découverte du monument. En théorie, le site restitue le plan et les élévations d'une classique tombe à couloir comme il s'en construisait au début du 4ème millénaire avant notre ère. Mais alors, pourquoi cette hésitation à conclure fermement en faveur d'un espace funéraire ? Plusieurs faits archéologiques, plusieurs indices architectoniques, permettent de cerner puis de poser la question de la date de réalisation et du plein fonctionnement du monument. Sur ces conclusions vont s'établir les hypothèses interprétatives portant sur l'iconographie en tant qu'elle relève d'un programme cohérent et intégré sur un laps de temps avéré et limité, ou selon qu'elle reflète des états diversifiés liés à la longue durée d'emploi des supports gravés. On découvre, en effet, des biographies diverses et contrastées pour l'ensemble de ces dalles, dont il faut rendre compte en prenant parti. L'énigme porte essentiellement sur les surfaces ornées des parois, et non sur les blocs plus anciens en net remploi. Appuyé par la distribution des bateaux avec équipage en périphérie d'une majorité de scènes gravées - bateaux affectés d'une instabilité chronique (obliques, verticaux), enserrés dans un maillage dense de lignes concentriques -, le vaste réseau d'arcs radiés, de spirales et de chevrons emboîtés, pourrait exactement dénoter la dynamique ondulatoire d'une eau omniprésente, comme un enchantement de dessins frappés dans le granite, où tout vous attire et vous domine par un charme inexplicable et fascinant.