Incandescences

Ron Rash, voici un nom qui sonne comme le rugissement d'un animal. Un trait d'esprit que m'a inspiré la couverture du livre lorsque je l'ai aperçu chez mon libraire. Auteur américain, originaire de Caroline du Nord, ayant à son actif l'écriture de nombreux recueils de poésie, de sept romans et autant de recueils de nouvelles, dont « Incandescences » (Burning Bright en VO) est le présent sujet de cette chronique. Une première pour moi, qui d'ordinaire commence l'exploration de l'œuvre d'un auteur par un roman emblématique. Rash via ces douze nouvelles pose un regard lucide et mélancolique sur les changements brutaux que peuvent connaître les petites gens dans un environnement rural. Entre ceux accrocs à la Meth et qui pour se payer une dose se débarrassent du mobilier chez un prêteur sur gages. Puis cette femme qui prie que la pluie tombe, afin que son mari pyromane ne se fasse pas choper. Et cet homme, pourtant éduqué qui a intégré en lui par atavisme, que le chant du hibou est annonciateur d'une mort prochaine. Ou ces deux ouvriers qui se reconvertissent en pilleur de tombe afin de dérober sur des corps de soldats confédérés, boucles de ceinturons et épées de capitaine pour les revendre à prix fort. Des histoires toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Inégales comme le sont généralement les nouvelles. Mais qui soulignent bien les extrémités auxquelles les gens sont parfois confrontés au seuil de la misère humaine. À la fois tragi-comiques et attendrissantes, ces nouvelles m'ont ouvert les portes d'un auteur vers lequel je suis certain de revenir. Voir ce qu'avec son style simple et incisif, l'auteur est capable de proposer sur un format long.