Don Quichotte. Vol. 1. 1605

Je ne saurais dire si j'ai aimé lire ce premier tome de Don Quichotte. En fait, oui, j'ai aimé. Mais pas avec le coeur. Plutôt avec ma conscience. Car Don Quichotte, considéré comme le premier roman moderne, est un ouvrage complexe, complet, protéiforme, et pourtant limpide. Parfois rébarbatif, souvent méta, on ne s'ennuie, au final, qu'assez peu. Car la structure épisodique soutien le rythme tout au long de l'œuvre. Voilà pour la forme, magistrale. Quant au fond, tout le monde le connait tant se roman a une portée universelle. Don Quichotte, véritable hidalgo espagnol, veux vivre sa propre histoire chevaleresque, à l'heure où les armes à feu ont déjà fait évoluer l'art de la guerre. Folie d'un esprit pourtant brillant. Celle d'un homme qui ne se reconnaît plus dans son époque contemporaine. Avec le fidèle Sancho Panza, il parcourt la Mancha, en quête d'aventures, de princesses en danger, et de fortunes diverses. Mais il ne s'agit là que d'un fil rouge, puisque, au fil des rencontres, de nombreux personnages seront rencontrés, et de nombreux destins seront contés. Une mention particulière pour le récit du captif, aventure véritablement captivante. Enfin, il faut à mon sens souligner la grande qualité de la traduction réalisée par Jean-Raymond Fanlo, qui participe grandement à rendre le texte agréable. Ne vous privez pas de lire son introduction, vous verrez que Cervantès, qui en prend le relais, semble se moquer gentiment de lui.

Ce « classique »était dans ma bibliothèque depuis trop longtemps et j’ai profité de mes vacances pour m’y atteler. J’ai été agréablement surpris de la modernité de cet ouvrage écrit quand meme au début du 17eme! La traduction y est pour beaucoup mais pas que. L’histoire est dynamique, chapitre court, peu descriptif, beaucoup dans l’action. Je ne lirais pas le tome 2, mais je ne regrette pas le temps passé à lire un grand roman.

Don Quichotte de Cervantès ! S’il y a bien un classique espagnol, c’est celui-ci puisque, dès sa parution, il devient un symbole de l’hispanité en devenir, de la Castille jusque dans le Nouveau Monde, après le règne de Philippe II. Bref, c’est un plaisir de découvrir cette belle œuvre du Siècle d’Or espagnol, contemporaine de l’art de Velazquez et qui partage avec lui cette réflexion sur le réel et l’irréel, l’être et l’illusion dont les limites s’entremêlent et deviennent floues. Voilà un thème récurrent dans la littérature et l’art espagnols de l’époque. Le récit de Cervantès met aussi en exergue une époque qui pourrait se voir « décadente » et recluse dans l’illusion d’un passé idéalisé mais révolu. « J’en viens presque à dire qu’il pèse à mon âme d’être entré dans l’exercice de la chevalerie errante à un âge aussi haïssable que celui où nous vivons à présent » affirme Don Quichotte. Et si ce héros, pétri de légendes, n’était pas, finalement, le plus terre à terre d’entre nous ?