A contre-courant ou La construction

Marcel Nuss est peut-être le seul à avoir le droit d'écrire qu'il est «handicapé»; le vocable mis entre guillemets jalonne ce véritable thriller qu'est la première partie de son autobiographie, un récit sans compromis écrit grâce à un ordinateur à commande vocale, le médium qui a redonné un sens à sa vie. Dans ce poignant témoignage, on apprend, entre autres, que toutes les malformations visibles dont est affecté l'auteur, sont le fait d'un personnel soignant aussi incompétent qu'infatué, comme on en rencontrait encore à la fin des années 60, des kiné aux infirmiers en passant par des médecins dont certains auraient fait rougir de honte Thomas Diafoirus lui-même. Si tout a changé aujourd'hui, Marcel, lui, est resté un homme hors norme: père de deux enfants adultes, il nous démontre que tout est encore possible quand tout est perdu, for le coeur; et son coeur, il le donne sans compter, même s'il conserve la tête froide et son franc-parler, en pourfendeur qu'il est de l'inertie et de l'injustice. L'auteur est en train de mettre la dernière main à «La réalisation», deuxième volet de À contre-courant.