Le vagabond de la baie de Somme

« Il était gendarmillon provincial dans un vieux pays un peu sordide, que la peur de l'avenir venait de doter d'une assemblée législative et d'un exécutif ultra-réactionnaires, claniques, homogènes au-delà des compétitions personnelles. Ces gens-là, du gouvernement au parlement, du parquet au commissariat, étaient solidaires, organisés, et le maillage du réseau d'amitiés personnelles et de services rendus était depuis plusieurs mois hermétique. Les derniers empêcheurs de spéculer en rond, petits juges ambitieux ou simplement honnêtes, étaient muselés par une chancellerie totalement mise à la botte. Pas une cour d'appel n'avait échappé à la mise au pas. Pas une chambre d'accusation ne pouvait lever un petit doigt sans que le petit bonhomme chauve du ministère ne fronce le sourcil... » Tout commence par la mort inexpliquée d'un vagabond qui arpentait les routes de la baie de Somme. L'Eugène a été tué d'un coup de fusil de chasse en pleine tête. Un crime sans témoins, sans mobile, ni coupable. L'enquête est bâclée, le dossier classé. La mort d'un clochard n'intéresse personne, sauf un petit gendarme têtu qui met les pieds dans le plat, sans se rendre compte que sa passion pour les oiseaux va semer la pagaille jusque dans les cabinets ministériels parisiens et les banques luxembourgeoises.