Inconnu à cette adresse

C’est une nouvelle épistolaire de lecture rapide et facile alors que le thème est très sombre. Un petit livre qui vous poursuit plus longtemps que ne dure la lecture.

Les lettres échangées racontent une amitié qui s’effrite entre Max, juif installé aux États-Unis et Martin, de retour en Allemagne où Hitler arrive au pouvoir. Les aspects du régime totalitaire nazi sont bien décrits: dictature ainsi que contrôle de la société par la propagande et la violence. Lâcheté, haine, angoisse, vengeance implacable, ... ce très court roman est un condensé d’émotions fortes.

Une œuvre épistolaire très convainquante! Elle brille par toutes les émotions dégagées au cours de l'histoire et qui monte crescendo : amour, fraternité, inquiétude, déception, mépris, colère... pour terminer sur la vengeance terrible mais compréhensible. Un livre très court, très épuré mais qui marque l'esprit pour longtemps.

Un petit livre qui se dévore. Il y a 3 ans, je lisais L’ami retrouvé, on m’avait alors conseillé, dans le même genre, Inconnu à cette adresse. (Et oui, lors de ma scolarité, je n’avais croisé le chemin d’aucun de ces deux ouvrages…) Quelle intensité condensée en si peu de pages ! Kathrine Kressmann Taylor rédige ce texte alors que la seconde guerre mondiale n’a pas même débuté, et pourtant, c’est impressionnant comme elle y voit clair… Ce n’est pas une pensée “après coup”, l’autrice pressent l’urgence de la situation. Elle pose un regard critique et pertinent sur cette montée menaçante du parti national-socialiste outre-atlantique et ce ralliement de la population allemande qui conduiront aux pires atrocités… Ses mots sonnent malheureusement bien trop justes. Elle se base sur une correspondance ayant réellement existée entre deux amis de nationalité allemande, puis elle se laisse porter… D’un côté, il y a Max et de l’autre Martin. L’un juif est demeuré en Amérique, l’autre s’en est retourné au pays avec femme et enfants. Afin de mieux s’intégrer à la localité où il apparaît tel un arriviste, ce dernier décide de s’engager petit à petit dans l’espace politique… Quelle dégringolade, quelle désillusion, quelle tristesse. En peu de mots, on devine, on ressent, on est terriblement déçus et révoltés même. Je me suis glissée à la place du narrateur qui reçoit ces missives de celui qu’il considérait comme son frère et j’en ai eu le cœur serré. On espère pourtant, tout comme Max. Kathrine Kressmann Taylor ne fait pas de grandes descriptions, elle en écrit peu finalement. Mais ce peu se suffit à lui-même et nous laisse deviner le reste. On devine le faste et les réceptions mondaines des hautes sphères politiques que côtoient désormais Martin. On devine l’angoisse, la peur dans laquelle l’attente plonge Max. Cette impuissance à seulement observer de loin… Et la rédaction de ses lettres comme seule possibilité d’agir. Une fois ce livre refermé, le titre si évocateur résonne encore en nous avec force. Quatre mots. Tristes mots. Et “Quelles ténèbres véhiculent ces mots…”, écrira si justement notre narrateur, Max. A tous ceux qui ne l’ont pas encore lu, plongez-y, vous n’en ferez qu’une bouchée !

Une petite pepite qui se lit en une soirée. Il m'a vraiment touchée. Je le conseille vraiment, il est inoubliable !