Le grand hiver

Un peu comme "La tour" d'Uwe Tellkamp, roman fleuve et poétique sur l'ex Allemagne de l'Est, ce grand hiver du très grand écrivain albanais Ismail Kadaré récemment disparu, décrit au travers de multiples personnages aux destins croisés, plus ou moins intéressants, un épisode clé de l'histoire de l'Albanie, la rupture avec le grand frère soviétique. Un monde révolu qui paraît si anachronique et qui n'est pourtant pas si lointain. Cette version ayant été alignée par l'auteur pour répondre aux exigences de l'épouvantable dictature d'alors, il vaut sans doute mieux lire la version non expurgée "L'hiver de la grande solitude"

Dans les années 60, l'histoire de la scission entre la petite Albanie et la Mère Russie, au travers de la vie de ces gens... les petits, les grands, les anciens, les jeunes, les acteurs, les spectateurs, les vivants puis les morts... L'intensité de ce moment historique mise quelque peu en sommeil au travers de ce quotidien, bouleversé et oublié tant de fois. Kadaré est pour moi un maître du roman, j'aime sa plume à la fois légère et profonde, pleine d'anecdotes historiques, mythologiques... Une pure merveille !