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Résumé
Parce que Simon était à moi. Rien qu'à moi. Avec lui, c'était la fin des aventures furtives. Avec lui, je n'avais plus peur. Quand il était là, il ne pouvait rien m'arriver. Comme avec ma mère, lorsqu'elle était penchée sur sa machine à coudre. L'oncle, alors, peut bien me prendre sur ses genoux, il t'aime tant l'oncle Bernard, dit ma mère, il faut être gentille avec lui ; il peut bien me caresser doucement les cheveux... Quand elle est là, dans le ronronnement léger et régulier qui ne s'interrompt que lorsque le fil casse ou que l'étoffe, mal engagée, avance de biais sous l'aiguille et se bloque sous le pied-de-biche, les deux chats barbouilleurs continuent tranquillement à barbouiller, maculant de taches vives leurs salopettes de toile grise. L'oncle, alors, ne me coince pas contre lui en me répétant, lui aussi, qu'il faut être gentille, qu'il ne faut pas faire de peine à ma mère, elle a déjà tant de soucis, tandis que moi, glacée, les muscles figés, je me rappelle son regard fou à ma mère, son visage blême, ses traits durcis et sa main qui s'abat sur ma joue.