Vindicte

Très bon roman qui retrace le monologue intérieur d’une femme lors de sa tonte, châtiment infligé aux femmes au cours du 20eme siècle et plus particulièrement pendant la seconde guerre mondiale. Dans le style du « dernier jour d’un condamné » de Victor Hugo, on arrive dans la vie d’Arsinoé, cette jeune femme, le jour ou le drame survient. On la découvre dans ce cadre et on ne sait alors pas grand chose d’elle à ce moment là. Au fil du roman on aura l’occasion de comprendre comment elle s’est retrouvée dans cette situation là et les événements majeurs de sa vie. On a alors la possibilité de s’attacher à cette femme dont, on le comprend, le seul crime a été d’aimer la mauvaise personne. Arsinoé représente une femme parmis tant d’autres et porte en elle l’histoire de milliers de femmes Cet ouvrage m’a permis d’ouvrir les yeux sur ce châtiment imposé aux femmes. J’ai compris que, non, il ne s’agissait pas simplement d’un rasage de poil mais qu’il y avait une signification tellement plus forte. Tout ce que cela implique, l’humiliation publique engendrée, la marque que ces femmes gardent et qui les stigmatisent et toutes les connotations liées à cet acte (perte de féminité, désappropriation du corps…) Alors oui c’est peut être moins violent physiquement, mais la violence psychologique infligée n’est pas à négliger. J’ai à ce propos un extrait qui m’a marquée : « Pour ces messieurs, on ne tergiverse pas. Une balle vite fait bien fait, et on passe au suivant. Mais pour nous, c'est une autre paire de manches. Les femmes doivent être humiliées. Exhibées. Il faut que l'assistance puisse en prendre plein les mirettes. Leur beauté les condamne. Leurs corps sont faits pour être profanés. C'est inscrit dans leur nature. Une femme, ça se brûle. »

Une plume incisive pour une période sombre de notre histoire ! Un court texte coup de poing à lire d'une traite qui en tant que femme nous glace. Dans l'horreur, elle partage ses souvenirs et ses sentiments avant l'irréparable... Vous pouvez prolonger votre lecture avec le roman "Vous ne connaissez rien de moi " de Julie Héracles, qui retrace plus longuement le parcours d'une femme pendant l'occupation et les contradictions de Simone.