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2 éditions

Un manoir à Neuchâtel

Sabine Fournier, 1969
E-book

Gil Debrisac

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Prix neuf
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Résumé

Extrait CHAPITRE PREMIER L'oncle Ulrich Adolescente, Rébecca suivit un parcours atypique. Après le bac, elle pensait préparer une licence d'histoire-géo, puis une maîtrise d'anthropologie. Or, dans un accident de la route dont elle sortit indemne, elle perdit son père et sa mère. La voilà sans ressources financières à l'âge de dix-sept ans. Sa tante, coiffeuse de profession, la prit en charge, mais ne put lui offrir les études auxquelles elle aspirait. Cependant, dans le salon de coiffure de sa tante, Rébecca prenait goût, peu à peu, à la profession. Sa beauté était son principal atout, et c'était le lieu où elle pourrait l'entretenir le plus facilement. C'est ainsi que la jeune fille est devenue coiffeuse esthéticienne et que, poussée par sa tante, elle a participé à des concours de beauté. A vingt-deux ans, Rébecca obtenait le titre de Miss Doubs. Un an plus tard, elle épousait Bertrand, lequel effectuait, pour le compte de son journal, des reportages sur les concours de beauté régionaux. Bertrand et Rébecca pallièrent l'absence d'enfants par de nombreuses sorties dans les boîtes de nuit à Besançon, ou à Dijon seulement éloignée de quatre-vingts kilomètres. La jeune femme, dans tout l'éclat de sa beauté, portait des robes moulantes et courtes, dont le décolleté ravageur mettait en valeur son 90 B de poitrine. Ses cheveux noirs étaient savamment coiffés. Nombre de mâles posaient leur regard sur le visage lumineux, au maquillage sophistiqué, de Rébecca - et plus encore sur son cul moulé de cuir noir ou sur ses seins bombés à moitié découverts. L'exhibitionnisme de sa femme était loin de déplaire à Bertrand. Ça l'excitait, au contraire, et ça l'inspirait : il consacrait la meilleure partie de ses loisirs à écrire des romans pornographiques. Des bouquins que Rébecca, la muse de l'auteur, lisait avec passion. L'autre partie de ses loisirs était consacrée aux randonnées à vélo afin de soigner sa condition physique. Son imagination, il la couchait sur du papier au lieu de la coucher dans le lit conjugal, aussi Rébecca avait-elle besoin d'un exutoire. Le lundi, jour de fermeture du salon, elle se plongeait dans un bain chaud et moussant, avec à portée de main un livre écrit par son cochon de mari. Au bout de quelques pages de lecture, elle se glissait dans la peau de l'héroïne nymphomane, ou de celle qui jouissait sous le joug d'un Maître dominateur. Elle saisissait l'un ou l'autre de ses sextoys favoris, parfois même les deux : le gros noir pour le vagin ; le blanc fin et long pour l'anus. Elle aimait les sentir se presser l'un contre l'autre, seulement séparés par sa fine cloison intime. Seule dans la salle de bains, livrée aux deux petits soldats enfoncés dans le con trempé et le rectum dilaté, elle laissait éclater sa jouissance. Cependant, Rébecca n'avait pas tiré un trait sur l'objet de sa passion antérieure : l'anthropologie. Quand elle n'avait plus de romans de son époux à lire dans le bain, elle s'intéressait aux ouvrages traitant de l'histoire des anciennes peuplades africaines. Ce qui, étrangement, l'amenait à établir un parallélisme entre les histoires imaginées par son mari et les us et coutumes des tribus en question. Parfois, elle abordait le sujet avec Bertrand. Le journaliste pensait que les fantasmes et les rituels des âges révolus étaient sans doute restés imprimés dans la mémoire collective de l'humanité. Au fil du temps, leurs sorties en boîte s'espacèrent. Le couple fréquentait peu de monde : chacun en voyait suffisamment par ailleurs, elle au salon de coiffure, lui au journal. On se réserva le dimanche pour soi. Si ce n'est que tous deux invitaient régulièrement un oncle de Bertrand par alliance : Ulrich, afin de lui remonter le moral après le décès de son épouse. Cinquante-neuf ans, fondé de pouvoir d'une grande banque dont le siège social était à Besançon, Ulrich subventionnait en partie le journal où Bertrand travaillait. Et il faisait partie du comité d'administration du quotidien. Un très bel homme, cet Ulrich, bien bâti, d'une taille avoisinant le mètre quatre-vingt. Grâce à des séances de thalassothérapie et à la consommation d'alicaments, substances retardant le vieillissement des cellules, il était loin de paraître son âge. De plus, il possédait un imposant manoir en Suisse, au bord du lac de Neuchâtel, où il passait ses week-ends et ses vacances, et où il comptait vivre définitivement une fois retraité.

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