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Résumé
Sylvie, Aurélia, les chimères Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la tour abolie Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé Porte le soleil noir de la mélancolie. On peut dire que, pour Nerval, la mémoire est un temple, comme l'est, pour Baudelaire, la nature. Passé, présent, avenir - les trois temps se fondent pour faire apparaître la mémoire poétique dans sa tonalité utopique, rétablir l'unité intérieure et réconcilier les croyances. Les Chimères représente comme la quintessence de la mystique poétique de Nerval, dont il nous fait entendre le ton jusqu'alors inouï dans Sylvie et Aurélia, alors que les premières poésies sont comme le germe de cette mémoire, un germe dans lequel se lit toute l'oeuvre future. De la révolution de 1830 aux Journées de juin 1848, Nerval traverse la période où les idées qu'on croyait disparues se réveillent et donnent au sentiment poétique l'intensité d'une passion révolutionnaire. L'amitié avec Heinrich Heine, lui-même lié à Marx, montre que la présence d'une pensée radicale vivante fut autre chose pour Nerval qu'une effervescence sans histoire. Le rêve est la vie, et la vie est le rêve. Figure majeure du romantisme français, Gérard de Nerval (1808-1855) est considéré comme l'un des précurseurs du surréalisme.