La force de l'ordre : enquête ethno-graphique

Meilleur idée pour rendre ce travail de recherche plus accessible. Le jour où cette enquête ne définira plus la norme des interventions, on auras avancer

Une enquête qui débute avec les émeutes de 2005 et qui s'actualise sur les cas de Adama Traoré en 2016 Georges Floyd en 2020 ou encore Théo Luhaka en 2017... Des époques différentes, des contextes politiques tout autant différents mais le même constat, que fait la police ? A quoi sert les gardiens de la paix ? A l'instaurer l'ordre ou le chaos ? Tout au long de cette enquête, on suit une équipe de la BAC, on observe leur façon de faire, les moyens mis à leur disposition et on se confronte à leur réalité. Mais ce qui m'a le plus plus, c'était aussi qu'une certaine façon, on se confronte à la réalité des surtout des jeunes de quartier qui sont stigmatisés, humiliés, abusés quotidiennement par les forces de l'ordre. Une BD à lire urgemment, et plus encore aujourd'hui.

« La Force de l’ordre » est un essai de l’anthropologue Didier Fassin publié en 2011. Il l’a adapté avec Jake Raynal au dessin. Tout à fait de circonstance. On se souvient des émeutes de Clichy-sous-Bois en 2005, de Villiers-le-Bel en 2007. Didier Fassin, anthropologue et sociologue fut l’un des premiers, sinon le premier, à explorer, après ces événements, les relations entre la police et la jeunesse des quartiers. À appréhender l’ordinaire de leurs journées. Il s’est immergé quinze mois au cœur d’un commissariat de la région parisienne, plus particulièrement auprès des brigades anti criminalité (BAC) et avait publié le fruit de ses recherches dans un essai paru en 2011, « La Force de l’ordre ». Depuis, il y a eu les affaires Théo, Adama, Cédric, les attentats, le film de Ladj Ly « Les Misérables », des collégiens interpellés et agenouillés sous la menace à Mantes-la-Jolie, l’affaire George Floyd aux États-Unis, un changement des techniques d’arrestation et des tenues de la police, et la proposition de loi « sécurité globale ». Enquête ethno-graphique Presque dix ans après, Didier Fassin ressort son ouvrage sous forme d’une bande dessinée, augmentée d’un chapitre résumant les dernières évolutions de notre société. Né de sa rencontre avec le scénariste Frédéric Debomy et le dessinateur Jake Raynal, ce support «ouvre de tels travaux à des publics nouveaux et des dialogues inédits », souligne l’auteur dans son introduction. « Et il permet d’explorer des modes renouvelés d’écriture posant des questions inhabituelles au chercheur. » Son récit est donc devenu une enquête ethnographique, sous la plume d’un dessinateur qui a fait le choix de rester très sobre dans les portraits des personnages, neutre dans les paysages et décors. Et qui amène un peu de couleur (en bichromie) dans un monde de grisaille où règne l’ennui, terreau de la violence. Loin de faire dans le manichéisme, « La Force de l’ordre » place en perspective à travers son expérience «embedded» tout ce qui a permis les glissements opérés depuis les années 2000, avec une politique du chiffre, la multiplication des ILS (infractions à la législation sur les stupéfiants) et des ILE, (infractions à la législation sur les étrangers), des objectifs qui sont bien loin de ceux que les policiers avaient imaginés en entrant dans le métier. Méfiance et incompréhension Fassin raconte le terrain mais aussi ses conversations avec des commissaires et responsables, qui savent les limites de certains agents flirtant avec la légalité, très conscients que celui qui multiplie les notes pour « outrage et rébellion » n’est pas un bon policier. Toutes ces mesures ont instauré un climat où règnent méfiance, incompréhension et peur, de part et d’autre, que ce soit sous des présidences de gauche ou de droite. Didier Fassin termine en citant Tocqueville: « Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond de son cœur. » Ainsi, la réédition, terriblement d’actualité, de l’essai originel sous une nouvelle forme peut donner des outils afin de repenser aujourd’hui notre société, à l’aune des différentes crises sociales et sanitaires que nous traversons.