L'accident de chasse

Au premier abord, un pavé en noir et blanc.. bof ! Et puis j'ouvre ce livre et suis rapidement captivée pour l'univers et ce recit complètement dingue.

Attirée par le titre et les dessins monochrome au crayon qui apportent une précision et une atmosphère impressionnante, je ne m'attendais pas à être ainsi transportée ni au sujet qui y serait traité. Un récit merveilleux, je me suis délectée de cette œuvre humaine qui détaille si bien les émotions, les travers de l'humanité tout en y joignant la culture poétique et les références littéraire. Je recommande vivement cette œuvre.

Ce témoignage poignant en noir et blanc tiré d’une histoire vraie, nous emmène au plus profond de l’intimité de cet homme aveugle et père célibataire, qui pour sauver son fils d’un avenir sombre, lui narre en détail sa vie tragique et douloureuse, passant d’un quotidien de délinquant en prison mais aussi et surtout de père affrontant seul l’éducation de son fils.

Le premier mot qui me vient à l’esprit est « trop ». J’aime pas ce terme que je trouve péjoratif et exprime l’indigestion plutôt. Alors je le remplace par « tellement ». Tellement de sujets, de thématiques, d’hommages, de plaisir, de pages variées, de geules fracassées… il faudrait tellement de chroniques pour venir à bout de ce qui peut sortir de L’accident de chasse. On dévore tout : le mensonge qui traverse les générations et defonce les enfances, le crime froid dérangeant et la possibilité de rédemption, les multiples hommages aux arts littéraires et musicaux, la construction personnelle et les choix de vie, la force de l’envie de vivre malgré tout. Tous ces sujets à creuser vont m’obliger à lire un grand nombre de fois cette œuvre magnifique. Si on ajoute un trait incroyablement divers de Landis Blair qui change sa maquette à chaque planche ou presque on se dit qu’on est devant l’une des œuvres majeure de la BD et que le fauve d’or d’Angoulême est bien le minimum requis pour ce titre. Quelle claque !!! J’ai mis longtemps à le sortir de ma pal et je regrette pas car il faut quand même une certaine disponibilité pour prendre tout ça dans la gueule. Oublié chez sonatine en août 2020. Un chef d’œuvre assurément.

A la mort de sa mère, Charlie vient vivre avec son père non voyant, Matt Rizzo. Les mauvaises fréquentations de Charlie amènent son père à le raisonner en lui racontant ses erreurs de jeunesse, dont son adhésion à la pègre de Chicago qui l'aura conduit à faire un long séjour carcéral. Il lui avoue comment il est devenu aveugle, bien qu'il ait toujours prétendu à un accident de chasse. Ce roman graphique cathédrale de 500 pages en noir et blanc, fait de traits et de hachures noires, montre le pouvoir de l'imaginaire de la représentation du monde à travers la cécité. Un mélange de l'enfer carcéral et de l'Enfer de Dante.