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Résumé
Philosophie et kénose chez Simone Weil C'est en 1941, dans le contexte chaotique de la Deuxième Guerre mondiale, que Simone Weil, très tôt préoccupée par les questions du malheur et de la vérité, découvre le principe de la kénose divine en lisant l'hymne aux Philippiens de saint Paul (Ph 2, 5-11). La lecture de ce texte est un moment philosophique et spirituel décisif dans le parcours de la philosophe car, prenant pleinement en charge les questions universelles et paradoxales de l'amour de Dieu et du malheur, l'hymne paulinien lui permet de tisser un lien de cohérence métaphysique entre sa recherche personnelle de la vérité, l'existence du malheur et ses expériences spirituelles. A contrario d'un texte-miracle qui nierait le réel et minimiserait l'impact du malheur sur nos vies, Simone Weil accueille effectivement cet hymne comme l'expression universelle de l'abaissement du divin qui s'incarne dans la condition humaine et appelle tout homme à le suivre, et à se libérer de son sentiment de toute-impuissance face au mal écrasant. Après cette rencontre scripturaire, Simone Weil n'aura alors de cesse d'actualiser, dans ses écrits et ses engagements dans le monde, cette invitation explicite de saint Paul à l'imitatio Christi. Sa pensée s'élaborera en une théologie pratique nourrie par l'Amour du Père et du Christ qui rejoint chacun de nous. Il s'agira alors, pour elle, de comprendre concrètement « comment nous pouvons l'imiter ? » et d'étudier de quelles manières le caractère universel de la vérité de la kénose divine est, comme l'exprime l'antique doctrine des « semences du Verbe », préfiguré dans les différentes cultures et traditions du bassin indo-européen.