La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
En décembre 1981, dans le dernier entretien qu'il ait accordé, Georges Perec définissait le scénario cinématographique comme un mode spécifique du travail d'écriture - « un autre travail d'écriture ». Deux ans auparavant, son entretien avec Raffaella di Ambra se terminait par l'assertion suivante : « Quant au cinéma, j'ai des projets, mais ce n'est pas mon univers ». Au-delà du paradoxe, voire de l'apparente contradiction - de l'écriture du cinéma à l'exclusion du 7e art hors d'un univers créatif essentiellement littéraire - la considération de ces brefs propos a le mérite de poser comme immédiatement problématique l'hypothèse d'une pertinence proprement poétique du cinéma quant à la pratique d'écriture de Perec. On se propose donc d'éprouver la consistance, s'agissant de cette oeuvre, de la notion d'écriture-cinéma - explicitement revendiquée, à propos de La Vie mode d'emploi, par l'auteur lui-même : « J'aime beaucoup les hyperréalistes et mon livre a un côté hyperréaliste. Mais je me crois surtout influencé par le cinéma et sa technique » -, dans la confrontation de l'indéniable présence du cinéma dans les textes, qui reconduit à la cinéphilie passionnée qui caractérisa un temps la vie de l'auteur, et de l'inaboutissement tendanciel, non moins indéniable, des projets cinématographiques régulièrement conçus, en dépit de la co-réalisation, avec Bernard Queysanne, d'Un homme qui don (1974, prix Jean-Vigo) et de l'écriture du scénario et des dialogues de Série noire (1979) d'Alain Comeau, films sur lesquels il faudra bien entendu revenir.