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Résumé
Lors du voyage relaté dans Le Carnet de la hotte, le maître de poésie Bashô était allé se recueillir dans sa maison natale à Ueno puis sur la tombe de ses parents au monastère du mont Kôya, avant de déboucher sur la plage d'Akashi où il avait été submergé par les souvenirs littéraires d'une célèbre et tragique bataille de l'époque médiévale. Il nous laissait là, au début de l'été 1688. Avec Notes d'un voyage à Sarashina, nous le retrouvons déjà fort avancés sur le chemin d'Edo (actuel Tôkyô), à l'automne de la même année. De ce long retour à son Ermitage-au-Bananier sur les bords de la Sumida, le poète n'a rien rapporté, si ce n'est cette portion du trajet. Pourquoi cette lacune ? Pourquoi encore a-t-il quitté la route principale qui est la plus courte pour s'orienter de manière imprévue vers les hautes montagnes de la province de Kiso ? Il veut voir le clair de lune sur la montagne Obasute, célèbre pour un poème anonyme du IXe siècle et plus encore pour la légende qu'il suscita, selon laquelle un neveu ingrat y aurait abandonné la vieille et bonne tante qui l'avait élevé. Aveu d'un inconsolable deuil ? Finalement, le poète, et son disciple Etsujin-l'Homme-qui-Passe, et leur domestique assoupi sur son cheval, et un moine tour à tour boudeur ou bavard, parviendront au célèbre Zenkô-ji, le Temple-de-la-Lumière-du-Bien, où les foules de pèlerins viennent invoquer la miséricorde du bouddha Amida. La pleine lune n'a cessé de les accompagner ou de les guider à travers ce paysage grandiose et hostile. Le lecteur ressent le vertige des voyageurs sur les ponts suspendus, est pénétré à la fois par le vent d'automne et l'âpre goût du radis, goûte la chair frugale et savoureuse des marrons, s'émerveille du reflet du clair de lune dans les coupes à saké de laque sombre... Nous avons tenu à expliquer et commenter toutes les allusions de ce texte aussi concis que riche d'une profonde méditation sur notre condition humaine. A.W.