Ce pays qu'on appelle vivre

Ariane Bois signe ici un grand roman d’amour et de résistance et dresse le portrait de deux héros au courage prodigieux, pris dans l’enfer du plus grand camp d’internement et de déportation français de la zone sud, encore intact aujourd’hui et longtemps méconnu. En effet, c’est à travers l'histoire des Milles, près d’Aix-en-provence, que l’auteure nous livre une histoire inspirée de faits réels dans ce camp où furent internés dix mille hommes et dont 1937 furent déportés. Léonard Stein, alias Léo, a fuit l’Allemagne nazie pour la côte sud de la France. Du côté « libre », il s’est installé à Sanary en tant que réfugié politique. Mais une nuit deux hommes frappent à sa porte. Ce n’est jamais bon signe… et le voilà devant ce qui ressemble à une usine, un endroit si curieux… les Milles. « Comment la France, ce pays qui leur avait offert l’hospitalité, accordé le droit d’asile, pouvait-il ainsi les parquer comme des bêtes ? » Le camps Milles avale un nombre croissant de prisonniers. La police de Vichy chasse et interne les réfugiés. Un camp où il n’y a ni femmes ni enfants. Léo va chercher le moyen de sortir du camps. Margot travaille pour les associations juives et aide justement les réfugiés à quitter le pays. Il tombe amoureux d’elle et a le sentiment que sa vie entière vient de basculer, une vague le submerge. Leurs efforts conjugués le mèneront ils vers la liberté ? C’est un roman qui m’a beaucoup plu parce que c’est la période de l’histoire que j’aime lire mais aussi parce que c’est un pan qui m’était totalement inconnu. Ça a donc été une lecture très enrichissante dans le sens où j’ai appris plein de choses. La plume est fluide, très visuelle et les personnages m’ont beaucoup touchée. Comment pourrait-il en être autrement ? Tant d’horreurs ont été perpétrées par des fanatiques …

C'est avec émotion que je referme ce roman que j'ai lu en quelques heures, complètement immergée dans cette histoire poignante qui révèle un bien triste visage de la France pendant la seconde guerre mondiale. En 1940 nombreux sont ceux qui, persécutés pour leurs opinions politiques, leur orientation sexuelle ou leur religion, ont quitté l'Allemagne et ont trouvé refuge dans le sud de la France. A Sanary, dans le Var, c'est toute une petite communauté de réfugiés qui y vit, sous le regard plutôt bienveillant de la population. Mais au cours de l'été 1940, les temps changent et les gendarmes viennent arrêter les « étrangers », dont Leo Stein un jeune homme juif allemand, caricaturiste de presse, exilé depuis 1933, d'abord en Espagne pour combattre les fascistes, puis en France. Leo et ses compagnons d'infortune sont emmenés aux Milles près d'Aix en Provence où une ancienne tuilerie a été transformée en camp d'internement. Leo y retrouve plusieurs amis qui comme lui sont d'abord incrédules, hébétés… Peu à peu une certaine routine s'installe malgré les conditions effroyables dans lesquelles vivent des centaines d'hommes, parmi lesquels des intellectuels connus tels Max Ernst. Il y a même un bar, un théâtre… Et pour s'occuper, le dessin et la peinture d'une fresque dans le réfectoire des gardiens. Mais Leo veut à tout prix échapper à un sort qu'il devine terrible. Bien que les chances d'émigrer se réduisent de jour en jour, Leo ne perd pas espoir. Il faut écumer les consulats, obtenir un visa, payer le voyage et surtout avoir la chance que les autorités françaises acceptent de le relâcher… Une rencontre va changer son destin : une jeune femme, Margot Keller bénévole au sein d'un comité d'aide aux réfugiés. A partir de 1941, bien qu'en zone libre, les juifs (d'abord étrangers, puis sans distinction) sont à la merci d'une arrestation : il faut remplir les quotas imposés par les allemands… Au cours de l'été 1942, l'étau se resserre, des familles entières arrivent aux Milles, des femmes, des enfants, des bébés…qui seront bientôt acheminées dans ces horribles wagons jusqu'à Drancy, puis direction l'enfer. le piège se referme sur Leo et Margot. L'histoire de Leo et de Margot est aussi une histoire d'amour, un amour capable de transcender l'horreur et la tragédie. Ces deux personnages sont emportés par le souffle fétide de la collaboration de certains français avec les nazis. Mais l'auteure met aussi en avant le courage incroyable d'autres de nos compatriotes dont le comportement exemplaire a contribué à sauver de nombreuses vies. Roman témoignage, roman d'amour et d'amitié, roman de résistance, pour ne jamais oublier. Je remercie très chaleureusement les éditions Plon (Vanessa) qui m'ont envoyé ce livre magnifique, et Babelio grâce à qui j'aurais la chance de rencontrer prochainement Ariane Bois.

C'est un roman d'amour, de résistance, mais aussi le roman d'une triste réalité de la grande Histoire ! Nous rentrons au cœur de l'horreur, dans l'enfer du plus grand camp d'internement et de deportation français, aux Milles une ancienne tuilerie près d'Aix-en-Provence. Dans cette zone qui fut un temps la zone libre, ce sont "les indésirables", des hommes, les étrangers, les juifs, des intellectuels et artistes dont Max Ernst et Hans Bellmer, parqués comme des bêtes qui n'ont pour seule arme que l'art aux bouts des doigts et la fureur de vivre ! C'est un pan méconnu de l'histoire qui a vite viré au cauchemar puisque ce fut le ralliement pour les camps de la mort pendant l'été meurtrier de 42. La rafle des juifs du sud de la France où vieillards, malades, femmes, enfants seront entassés aux Milles, séparés, déportés pour être annihilés. Un véritable génocide où des poches de résistants ont pu sauver quelques enfants, avec le consentement déchirant de leur mère dans la séparation pour qu'ils vivent ! Éprouvant mais nécessaire pour notre mémoire collective, Ariane Bois, avec une histoire d'amour en toile de fond a su conter d'une écriture fluide et pleine d'humanité, un pan effroyable de l'histoire que nous ne devons jamais oublier !

⛱️ Le soleil, la farniente..., l'envie de poser le stylo et puis d'oublier les habitudes. Les livres sont restés sur les étagères. En sommeil. En jachère. Puis, très vite, les gestes familiers. La main sur la couverture, comme pour l'effacer. Les premières lignes et l'été disparaît. 🪖 La guerre gronde, la guerre a jeté des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, sur les routes d'Europe. Réfugiés en zone libre. Pour Léo Stein, la zone libre s'appelle Aix-en-Provence. S'appelle les Milles. Camp d'internement et de déportation français. Et vous baissez un peu la tête, en tournant les pages, vous rougissez déjà... 🧱 La faim, la promiscuité, l'insalubrité, la météo jamais clémente quand vous êtes son jouet, trop chaud ou trop froid. Le désespoir des hommes. Celui de Leo, et puis celui des autres. Qui pleurent. Supplient. Se pendent. 🤍 La menace hitlérienne est là, partout. On cherche à quitter la Pologne, l'Allemagne, la France..., pour rejoindre l'Amérique ou l'Afrique, qu'importe. Une course effrénée aux papiers, aux autorisations, aux bateaux en partance. Cette quête mènera Leo à Marguerite. Une jolie bénévole qui vient en aide aux femmes et aux enfants. Prête à tout pour sauver des vies. Pas toutes, bien sûr. Pas toutes, malheureusement. Si peu. ✒️ Voilà un pan de l'histoire qui vient nous surprendre et nous cueillir. Encore une fois. Ariane Bois avait déjà réussi son pari avec Le gardien de nos frères. Elle réitère avec cette œuvre parfaitement documentée. 🤔 Elle réitère, ou presque. Peut-être trop bien documentée. J'en ai oublié Leo, et puis Margot. Ils ont manqué de consistance face à l'horreur de l'Histoire.