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Résumé
Cet essai envisage le patriarcat comme une «méga civilisation» confondue avec l'ordre du monde. Par une prodigieuse opération de propagande menée sous l'égide d'institutions taillées pour le servir (la religion, la famille, la propriété), il a longtemps imposé sa conception de la vie, de la mort, de l'art. La littérature a largement contribué à accréditer l'idéologie qui le structure. Après tout, elle est partie prenante de la «civilisation du Livre» ! Voilà près de quatre mille ans que les «grands textes fondateurs», les épopées et le tout-venant des chefs-d'oeuvre célèbrent la figure du héros en remettant sur le métier le vieux scénario à la gloire d'Un Seul - de sa lignée, de sa vaillance et de sa force. Mais le souffle épique se fait court et cela s'entend dans la langue, qui désormais s'insurge contre la fausse neutralité d'un masculin arrogant. La patriarquie a beau contre-attaquer, plus elle résiste, plus son manteau craque aux coutures. Comme le tee-shirt de Spiderman ! jubile Geneviève Pruvost dans son avant-propos. Cette civilisation de la domination (du chef sur tous, des hommes sur les femmes, des adultes sur les enfants, des humains sur les animaux) se prétendait éternelle, et elle se sait aujourd'hui menacée de disparition. Pour la voir en future Atlantide, il faut, imitant Anne Larue, ôter les lunettes qui donnent au réel l'apparence de la nécessité et observer les choses telles que nous les vivons. L'exercice passe par une relecture décapante des best-sellers patriarcaux du passé (L'épopée de Gilgamesh, l'Iliade, le Code de Hammurabi), assortie d'un examen panoramique des comics américains, de la littérature contre-utopique et de la science-fiction.