Le pansement Schubert : récit

C'était puissant. J'avais comme aprioris qu'il ne s'agisse que d'un recueil de témoignage de musique thérapeutique. Ce qu'en a fait Claire Opper est bien plus fort... On alterne entre de courts témoignages de "pansement" musical qu'elle a réalisé sur des autistes profonds, des résidents d'EHPAD, des patients déments, des malades douloureux et en fin de vie et des passages en italique qui racontent son parcours à elle en tant qu "art thérapeute". A partir de la moitié de l'ouvrage, elle écrit après chaque témoignage une courte poésie. Et elles sont vraiment réussies. Je pensais que ça serait trop disparate mais finalement tout s'accorde bien. Il y a des histoires profondément touchantes. Des réflexions sur le pouvoir de la musique. Des instants poétiques. La puissance de ces rencontres musicales va jusqu'à émouvoir le lecteur même. On s'en retrouve changé. On y découvre la fragilité du corps, la délicatesse de la musique. On se met à réfléchir, au delà de l'aspect musical, à la fin de vie. Aux changements du corps, impuissant face au passage du temps, mais toujours aussi réceptif aux vibrations d'un violoncelle. Par ailleurs, à chaque "chapitre", l'auteur donne un titre de ce qu'elle a interprété. Ça permet de lire en musique. De mieux comprendre. De pénétrer dans les témoignages. C'est profondément humain. C'est une lecture particulière, un peu hors du temps.

Les effets de la musique pour des êtres blessés sont beaux. Ce récit plein de délicatesse touche lui aussi une corde sensible. Bravo.