Le stradivarius de Goebbels

L'auteur l'explique au début du livre, ce récit est un véritable morceau d'histoire écrite à la manière d'un roman mais seulement dans la forme car les faits sont véridiques. Nous suivons par le biais du narrateur, la grande violoniste japonaise "Nejiko Suwa", comment elle en est arrivée à avoir un Stradivarius pendant la seconde guerre mondiale, ses ressentis pour apprivoiser l'instrument et essayer de connaître son histoire, de plus nous la suivons pendant la guerre, son parcours de vie et son parcours musical par le biais de son journal. Travail intensif, rigueur, talent, caractère bien forgé, "Nejiko Suwa" a eu une vie mouvementée en plus de s'être retrouvée du mauvais côté pendant la seconde guerre mondiale, sans en avoir le choix, malgré un désintérêt pour tout autre chose que le violon. L'écriture est intéressante tout en étant assez scolaire (justement à cause de la réalité des faits je pense), les pages se tournent toutes seules, j'ai même été surpris d'avoir fini si vite cette lecture. J'ai apprécié le récit car j'aime le Japon et ai un intérêt pour les événements parlant de cette période en particulier. Sans que cela soit un coup de cœur, j'ai appris de nouvelles choses historiquement parlant et ai passé un bon moment.

Un livre qui mélange faits historiques et vie romancée de la virtuose Nejiko Suwa. Je n’ai pas été emportée par l’histoire j’ai trouvé Nejiko déconnectée de la réalité de la guerre se posant des questions sur l’origine de son instrument sans trop s’en poser… (certes elle était très jeune et manipulée) mais je l’ai trouvée d’une froideur et très détachée sans véritable réflexion. Pour moi, plus que les personnages c’est ce violon qui est émouvant comme tous ces instruments spoliés par les nazis qui n’ont jamais revus leurs propriétaires. Je ressors de ma lecture un peu mitigé !

Après des années de recherches, Yoann Iacono a couché sur le papier le destin de deux êtres surprenants. Nejiko Suwa, d’abord, violoniste japonaise de renommée mondiale qui a vécu la Seconde Guerre mondiale depuis l’Europe, aux prises avec les jeux de pouvoir de l’empire nippon et du troisième Reich... Le mystérieux stradivarius, ensuite, que le ministre de la propagande Goebbels lui a offert, et qui aurait été spolié à un Juif français déporté à Auschwitz... À travers le lien (tortueux, presque maudit) qui s’établit entre ces deux êtres, Yoann Iacono nous amène à réfléchir, à prendre de la distance, et notamment sur le sujet de la complicité. Les musiciens qui continuent à pratiquer sont-ils complices de leur régime ? L’art doit-il être politique ? Existe-t-il plusieurs arts, certains politisés, d’autres apolitiques ? Quel est le rôle de l’artiste face à la politique et à l’Histoire ? On ressort aussi de la lecture avec des questions plus personnelles. Pourquoi Nejiko Suwa conserve-t-elle jalousement son stradivarius, au prix de sa santé mentale ? Était-elle dans le déni, ou s’interrogeait-elle au sujet de l’ancien propriétaire du violon ? A-t-elle éprouvé des remords ou de la culpabilité ? L’auteur pose les jalons pour toutes ces questions, sans jugement. J’ai aussi apprécié la forme de la narration qui se fait à travers les yeux d’un enquêteur musicien chargé de récupérer le fameux stradivarius. Il alterne le récit de la vie de Nejiko avec celui de sa propre vie, ainsi qu’avec des bribes du journal de la violoniste.

C'est une biographie un peu romancée car l'auteur, malgré ses recherches aux 4 coins du monde, ne sait pas tout. On suit l'histoire de Nejiko, une jeune violoniste japonaise, parfois au travers son journal. On a donc des faits historiques avérés où vient se mêler un roman brodé autour du personnage. En sachant peu sur cette jeune femme on reste hélas beaucoup en surface. On découvre cependant que toute sa vie elle aura été utilisée que ce soit par l'Allemagne ou par les États-Unis. La personnalité de Nejiko me semble assez particulière, par rapport à son comportement envers son violon, et aussi parce qu'elle est complètement déconnectée de la réalité. Elle semble survoler cette époque très marquante, ne parle que de ses hôtels luxueux, de réceptions, de concerts, et paraît faire totalement l'autruche sur le traitement des juifs et surtout sur l'origine exacte de son violon. A plusieurs reprises elle m'a fait l'effet d'une petite fille gâtée avec des œillères. Évidemment au travers ce récit ressort surtout la question de la conscience des artistes qui exercent leur art dans des périodes troubles. Le sujet est très original et m'a fait découvrir un pan de l'histoire, mais il m'a manqué une certaine rondeur, un peu de caractère et d'émotion. Ce petit quelque chose qui m'aurait emporté. On reste platement sur des faits historiques sans vraiment découvrir les personnages, et certains points auraient pu être développés pour apporter plus de peps au récit. J'ai cependant passé un bon moment de lecture même si ce livre ne restera dans ma mémoire que pour le petit côté historique particulier.

Yoann Iacono nous offre un roman historique librement inspiré de faits réels et étrangement addictif. Moi qui ne suis pas une férue de romans historiques, je me suis surprise à ne pas vouloir le lâcher. J'ai aimé les descriptions du Paris de l'époque et la personnalité de Nejiko. Elle ne semble pas souffrir plus que ça des conséquences de la guerre et j'ai trouvé ce point de vue très intéressant. Son statut de musicienne protégée par le parti nazi lui permet une certaine tranquillité qu'elle met à profit pour se cultiver et jouer sa musique. Et de mon point de vue de lectrice, j'ai aimé qu'on ne tombe pas dans le pathos. Où se situe la limite entre la fiction et la réalité dans ce roman ? Impossible de le savoir. Et c'est ce qui m'a plu. C'était assez crédible pour être une vraie biographie, et assez divertissant pour être un roman d'invention. Bravo Yoann Iacono !