Croc fendu

Une œuvre assez étrange. Difficile à évaluer, on est sur un récit si lyrique qu'on ne sait pas où se trouve la limite entre la réalité, le délire, le fantastique peut-être, l'onirisme certainement. À ce niveau-là, ça m'a évoqué "Neige" d'Anna Kavan, roman lui aussi emprunt de rêves, qui perd le lecteur dans les dérives du récit. Qui floute les barrières et ne nous permet que difficilement d'attester quelle est la réalité, la tangibilité de ce qu'on lit. Même si on reste ici plus cadré, ne serait-ce que par le déroulement chronologique des événements. L'écriture est de toute beauté, teintée de poésie dans sa prose comme dans ses vers. Même les aspects les plus crus deviennent beaux. Étonnante lecture, riche de sensations, synesthésie de couleur et de sens, au cœur d'un froid à l'aurore polaire, de soleil de minuit enfiévré.

Le résumé me donnait bien bien envie. Chez les Inuits dans les 70s, histoire d'une jeune fille qui devient femme en découvrant l'amour, l'alcool, la haine, la violence des hommes, l'ennui... Je dois avouer que j'ai pas accroché à fond, l'univers est un peu trop abstrait pour moi, on se ballade beaucoup entre imaginaire et réalité et on perd un peu pied parfois dans les histoires d'esprit ou de couleurs d'aura. Il y a cependant des passages sublimes dans l'écriture, et des passages qui marquent. Un en particulier pour moi... j'ai corné la page et je le relirai sûrement⚡En tout cas une lecture qui ne laisse pas indifférente et qui est différente 😉