Changer l'eau des fleurs

Alors bon, vraiment, ce roman je n'y croyais pas trop. Il est si rare que j'apprécie un roman contemporain ... et par contemporain je veux dire le genre de livres que tout le monde achète l'été pour se donner un genre et pour (faire parfois semblant de) les lire entre la baignade et le pastis ... (et parce que même que sur la couv' y'avait écrit "médaille de laiton du seizième salon du livre de Ouagadougou" !!). Eh bien comme quoi, drapée de mon arrogance envers ces bouquins mainstream, j'ai été remise à ma place sèchement par ce petit bijou. Avouons que la quatrième de couverture n'est pas très engageante (mais que voulez-vous, j'étais sur une aire d'autoroute quelque part entre la Normandie et le Roussillon, je m'ennuyais, je l'ai regardé, il m'a regardé, je l'ai acheté). Il dormait tout prêt de moi depuis quelques mois dans ma PAL quand j'ai enfin daigné y jeter un œil, puis deux, puis mon esprit tout entier jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une miette. Ce bouquin est forcément le fruit d'une intelligence émotionnelle épatante. Il raconte toutes ces choses qui échappent à la science et à la logique dans notre existence : les injustices, les coups durs, les cassures qui composent toutes les vies sans jamais verser dans un pathos dégoulinant. Tout ceci dans une légèreté de ton et d'écriture qui ne décourageraient pas le plus piètre lecteur. Il est construit comme un film ce livre (et ce n'est pas étonnant au vu du profil de l'auteur)… il se met à ta portée, te prend par la main et te montre doucement les aspérités de la vie. Dans le sublime il y a du tragique, comme à l'inverse. Et rien n'est épargné, rien n'est passé sous silence, mais toujours avec délicatesse et compassion, sans jugement omniscient. La narration change sans arrêt d'alignement et saute de personnage en personnage. Ainsi, chacun nous livre ses secrets et nous devient sympathique. La connaissance, les connaissances dans toute leur complexité sémantique, sont  définitivement le fil qui donne de la cohérence à l'ensemble.

Encore une fois, me voici en dehors de ma zone de confort littéraire. Décidemment, je me serai donné un challenge estival sans le savoir ! J’ai lu beaucoup d’avis, entendu beaucoup de bien sur ce roman. Il fallait que je me fasse ma propre opinion, et voilà que c’est mon tour d’avoir le privilège de m’exprimer sur ce long et beau livre. J’ai effectivement beaucoup apprécié cette lecture, rythmée par des paroles de chansons que j’avais écouté, mais qui parfois sonnaient creux à mon oreille. Trouver un sens à tout peut rendre fou, mais pouvoir mettre un contexte sur un vers, une phrase, un couplet ou un refrain m’a fait beaucoup de bien ici. Si, comme moi, vous appréciez plus la musicalité que l’histoire racontée dans une musique, Valérie Perrin à parsemé son histoire de quelques-unes des meilleures trouvailles de nos célèbres paroliers. Nous voici donc témoin de la vie de Violette, gardienne de cimetière dans une petite bourgade bourguignonne. Un pitch basique, une aventure qui l’est beaucoup moins. Comprendre au fil des pages que les noms que nous entendons, lisons, prononçons sont aussi liés à une vie, des drames, des aventures, des bonheurs, de l’amour, de la haine… là est l’impact que pourra avoir ce livre sur vous. La vie de Violette est dépeinte en deux parties finalement assez distinctes. Son passé rempli de moments qui l’ont fait sourire de bonheur, pleurer de malheur. Peuplé aussi de personnes l’ayant rendu heureuse, malheureuse. Aussi son présent, sa reconstruction, sa découverte de choses qu’elle à tardé à découvrir mais dans laquelle sa bonne humeur lui donnera la force d’y croquer à pleine dent. Au cours des 94 chapitres de ce roman, nous découvrons aussi des destins liés à celui de la résidente de la petite maison à l’orée du cimetière. Vaste programme, c’est évident, mais jamais trop long, jamais trop niais, plein d’émotions différentes. De la détestation, à la compréhension. De la méfiance à la haine. Du rire aux larmes (de joie ou de tristesse). Je me suis plongé dans ce livre sans savoir à quoi m’attendre, j’en sors avec le plaisir d’avoir partagé ces vies anonymes.

Une écriture simple, simple d émotions, de sincérité...quel bonheur ..

Mâle la quarantaine, je me suis retrouvé à pleurer, submergé par l'émotion. Quelle belle plume et quelle facilité à faire valser les émotions. Merci

Sans aucun doute l un des plus beaux livres que j ai pu lire.