Chantier

DAWES travaille à la blanchisserie et vis avec sa femme Mary, un projet d'autoroute va détruire l'usine où il travaille, et il a une date pour quitter sa maison. Il se lance dans une guérilla contre ce chantier C'est un compte à rebours que nous propose l'auteur jusqu'au jour ou Bart va se faire exproprier de sa maison, donc ce cadre ajoute beaucoup de suspens dans le récit. C'est un livre ou il n'y a pas de temps mort, on se retrouve totalement dans la descente en enfer du personnage principal, seul contre tous, un peu le pot de terre contre le pot de fer. Dans ce roman, on retrouve un thème cher à l'auteur, le deuil, puisque Bart et sa femme ont perdu leur fils, il est obsédé par sa perte et ce que c'est pour cela qui perds tous ses repères peut être ? C'est un opus très noir, il n'y a pas de place à l'espoir, il nous fait ressentir comment un simple évènement de la vie courante, un nouveau chantier peut bouleverser une existence. On s'attache très vite à ce personnage, qui essaye dans un premier temps de sauver les apparences, mais il se noient dans ses propres mensonges, dans ses démons Donc il met en route sa revanche, sa révolte mais qui l'amène à sa propre déchéance. ll comporte aucun fait de surnaturel ou de fantastique, c'est une histoire qui pourrait être réelle, des personnes qui se font expulser à cause d'une construction, que probablement beaucoup ont vécues. Evidemment l'auteur accentue le trait avec un personnage assez torturée, qui tente d'avoir une petite vie simple et honnête, mais justement ce fait est un élément catalyseur pour le faire basculer. Ce qu'il m'a beaucoup plus, c'est la diversité des personnages différents qui va rencontrer dans son périple, cela donne de l'action dans la trame. J'ai beaucoup aimé mon 34éme livre de mon auteur chouchou, qui va réellement au cœur du thème, et il y va franchement, il y met aucune pincette, on est dans le noir, dans le fond de l'abime. Mais j'ai passé un excellement moment avec ce très beau livre.

Je ne sais pas si je suis le seul à avoir remarqué une similitude entre les deux oeuvres, mais le personnage de Bart dans « Chantier » m’a beaucoup fait penser à Travis de « Taxi Driver ». Pourquoi ? Tout simplement parce que dans un cas comme dans l’autre, on suit la plongée dans la folie des protagonistes. Parce que oui, il est véritablement question de folie. Qui aurait l’idée de monter un tel plan en le justifiant par la destruction de sa maison qu’il n’accepte pas ? Et bah notre bon vieux Stephen King, à notre plus grand plaisir. En tant que lecteur, nous sommes plongés en plein milieu de l’histoire sans rien vraiment comprendre au début. Nous ne connaissons pas spécialement le contexte ni le passé des différents personnages. De ce fait, j’étais légèrement perdu. Puis j’ai compris que c’était un choix de l’auteur et après 2 ou 3 chapitres, vous auriez l’impression de connaître les personnages depuis le début de leur vie ! Si les précédents livres de Stephen King ne vous ont pas emballés (je vous plains très sincèrement), je ne pense malheureusement pas que celui-ci dérogera à la règle. Mais voyons-le sous un autre angle, si vous êtes un adepte des romans de King, vous dévorerez celui-ci ! Le style d’écriture est toujours le même, les mots sont parfois crus et ça fait du bien, le thème de l’amour est encore une fois présent et il y a aussi beaucoup de psychologie. Néanmoins, aucun élément surnaturel n’est présent dans ce bouquin, et c’est une bonne chose car l’histoire est formidable telle qu’elle l’est. Je pense qu’ajouter un élément non naturel aurait pu la ruiner. Le découpage du livre est très intéressant et je trouve qu’il permet au lecteur de rester plongé des heures et des heures devant son livre. En effet, King alterne entre des chapitres longs et des plus courts, il y a souvent du suspense à la fin de ces derniers et surtout, la fin se fait attendre. J’ai personnellement lu ce livre très rapidement tellement cette histoire me plaisait. Pour conclure, si vous aimez King, vous aimerez ce livre. Si vous n’aimez pas King, vous n’aimerez pas ce livre. Si vous aimez « Taxi Driver » de Martin Scorsese, vous aimerez aussi ce livre.

Avec Bachman, on plonge dans l'urgence, l'obsession, le délire, le fatalisme. Pas un orteil puis la jambe, non c'est bien le plongeon : le héros/anti-héros n'attend pas les premières pages pour faire sauter toutes les barrières de sa santé mentale. Que vous le preniez en sympathie ou non, il faut lui reconnaître un réel caractère imprévisible qui évite de s'ennuyer ferme à la lecture. Malgré le désespoir affiché du bonhomme, on se prend à croire (à espérer ?) qu'il finira par reprendre la main sur sa vie et à passer à autre chose. Or, il surprend, inquiète, amuse parfois : un collaborateur mafieux, un coup d'un soir, beaucoup d'alcool, beaucoup de télé... Et surtout les souvenirs et les rêves d'enfant parti, fil d'Ariane qui mène Bart à une fin trop logique. Égaré mais jamais perdu, il pourrait cliver les lecteurs aussi bien qu'il divise ses proches si le roman avait gardé toute la saveur de l'époque. Je veux dire qu'il s'agit du Bachman le moins fort, la faute à un personnage sans faute mais qui aurait mérité de vrais moments de bravoure dans le texte, des épisodes marquants qui lui permettraient de rester en mémoire. La faute aussi à une histoire qui ne prend pas assez de risques, qui n'inspire pas vraiment et qui ne raconte rien d'autre qu'un type qui veut garder sa maison. C'est écrit par un roi surdoué, pas de doute, mais son roman social se contente de satisfaire le client, pas de l'éblouir. On s'en accommodera.

Le livre est intriguant du début à la fin, le déroulement est hyper interessant et le développement du personnage principal George Barton Dawes est d autant plus surprenant et immersif. On a une vision à la fois impersonnelle du personnage puisqu’il est présenté qu’avec le pronom « il » mais aussi une vision très personnelle ou l’on lit tous ce qui peut traverser son esprit. Je le recommande vivement !