Croc-blanc

Ce livre m’a beaucoup plu, il est tout simplement magnifique. Il est bien écrit et nous fait comprendre la peur que ce loup peut ressentir. Ce livre raconte comment un loup maltraité par les hommes reprend doucement goût à la vie en faisant la rencontre d’un homme qui va prendre soin de lui. J’ai adoré. 🥰🐺

Jack London est un romancier qui sait parfaitement décrire la nature. L'histoire du loup voulant s'approcher des hommes est fascinante

Entre la frontière du conte et de la biographie, Croc Blanc est un roman d'exception dans son genre ! Tiraillé par le Monde sauvage puis celui de l'homme-Dieu (tout aussi féroce), cet animal traverse les épreuves de la vie avec une innocence mise à nue. Ce récit serre les tripes à plusieurs moments. Ce loup aux réminiscences de chien demeure ni plus ni moins la métaphore de l'enfant qui, modelé par l'argile du monde, devient un adulte. Avec son instinct de prédateur et l'amour tapi au fond du coeur, Croc-Blanc est aussi une leçon sur ce qui construit notre identité. Un incontournable du naturalisme.

Aucun livre illustre mieux la confusion générale qui règne autour d’un auteur. Dès ses premières traductions, l’œuvre de Jack London a été édulcorée, des pans entiers de textes tronqués. Pour coller à une image exotique, de littérature des grands espaces, rendant de fait, certaines œuvres accessibles à un jeune public. Et effaçant de la mémoire collective pour des générations, la complexité et la diversité des thématiques d’un écrivain qui ne s’est jamais limité à une seule vision du monde. « Croc-Blanc » est une réponse presque parfaitement symétrique à « L’appel de la forêt » (ou l’Appel Sauvage si l’on veut rester dans l’esprit de l’original). Ce dernier proposait de suivre le retour à l’état sauvage d’un chien domestique. Un roman d’initiation où Buck, croisé Saint-Bernard, renouait avec son ancestralité de loup, et après maints périples redevenait, dans un final aux relents mythologiques, l’animal sauvage qu’il se rêvait d’être. Croc-Blanc accomplit le chemin inverse. Sa découverte des hommes est le début d’une longue et lente domestication. Pour avoir accès à une vie de confort, il se soumet à la « loi du gourdin ». Accepte d’endurer les réprimandes, qui vont parfois même jusqu’à la maltraitance. Après être passé de main en main, il va apprendre la soumission, mais aussi gagner une famille qui lui donnera amour et protection. Mais le prix à payer sera de faire taire l’animal sauvage en lui. L’une des grandes forces de ce livre, est d’arriver à nous faire adopter le point de vue du loup, sans lui prêter des sentiments humains. London aurait pu tomber dans l’anthropomorphisme, ce qui aurait considérablement nui au réalisme. Son style est désarmant de simplicité, sans fioritures, mais incroyablement juste dans ce qu’il décrit. On sent que London a passé du temps dans le grand Nord à observer sa faune. Des premiers pas, maladroits, du louveteau hors de sa tanière à l’opportunisme et la cruauté des animaux dans les périodes de famine. L’écrivain n’épargne aucune facette du monde sauvage, comme il n’épargne pas non plus la cruauté et la bêtise de l’Homme dans ses interactions cruelles avec les animaux. La relecture de « Croc-Blanc » est souvent un électrochoc pour de nombreux lecteurs. Les versions tronquées, les fameuses « éditions jeunesse », continuant de propager l’idée d’un roman pour enfants. Ce qu’il n’est définitivement pas.

Malgré un roman dur et sombre, je suis heureuse de la tournure des évènements a la fin de cette histoire. Croc Blanc a eu une vie pleine de tourments et on ne peut que vouloir pour lui tout le bonheur du monde.